Un si joli genou
Elle habitait au bord de la ville, là où les voitures ne s'arrêtent pas. Souvent, la nuit, elle dormait à côté du radiateur à gaz, la petite flamme bleue de la veilleuse la rassurait.
Son histoire était fragile et sa respiration depuis quelques temps venait d'un cours de tango argentin où elle se rendait tous les lundis soir.
Elle avait été fascinée par ce couple en dehors du temps, élégant, sensuel, et elle aussi, voulait approcher d'autres corps.
Le plus difficile était de trouver un partenaire.
Pourtant, un lundi, sans réfléchir, elle alla droit vers un homme qui essayait au fond de la salle d'apprendre quelques pas.
Dans ses bras, il était maladroit, tendu mais ses gestes étaient volontaires et doux à la fois.
Dans ses bras, il était maladroit, tendu mais ses gestes étaient volontaires et doux à la fois.
Il fallait trouver la sensibilité de l'autre et tant pis si la danse était difficile.
Au fil du temps, elle avait pris l'habitude de ces rendez-vous.
Et pourtant, la solitude l'étreignait toujours et à chaque bal, il fallait traverser ce long couloir aveugle sous le tunnel de la Croix-Rousse.
Une amie comédienne l'invita un soir voir un de ses spectacles et parce que tout cela lui pesait, elle finit par décrocher son téléphone.
C'était tard, 23 heures mais la voix qui lui répondit était tellement agréable qu'elle se sentit tout de suite en confiance :
son partenaire de tango était invité au spectacle.
Le tailleur jaune était là et répondait parfaitement à sa silhouette. Il laissait ses genoux légèrement dénudés lorsqu'elle se penchait.
Toute la soirée, elle savait qu'il observait ce genou et sentait son désir grandir mais il n'osait pas la toucher.
Toute la soirée, elle savait qu'il observait ce genou et sentait son désir grandir mais il n'osait pas la toucher.
Dans la voiture, ils s'imaginaient aller jusqu'à Barcelone en avion et la nuit étoilée leur servait de piste de décollage.
Sur le bord du trottoir, devant son appartement, la voiture s'arrêta et leur baiser fut doux.
Leur histoire pouvait commencer et la vie reprendre son cours.
- Collection "Inflexion parallaxe" (éditions in extremis)
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Nouvelle écrite et illustrée par Patricia Lechenne-Hedel